est reparti,
mais quel leurre est-il ?
Même sur la plus perdue des îles du Pacifique, même au fond dun bunker à 100 mètres sous terre, il était là. Dans le coffre de la voiture, dans le placard, il était là, sous le lit, dans le lit. Le matin sous les tartines, il était là. Nous avons tous passé lété avec lui. Chaque jour, chaque nuit, chaque seconde. Et ça continue.
Et nous les Français ça nous plaît.
Et les médias français aussi, ça leur plaît.
Son bourrelet effacé par Paris Match, langine blanche de Cécilia, la visite à notre ami Bongo comme à notre ami Bush, on en redemande, la centrale nucléaire à notre ami Kadhafi, le frère de Rachida sévèrement condamné, DSK qui serait G., lamant de Yasmina, on en veut encore. Cest ce que nous disent les médias, ça nous plaît.
Les médias se régalent. Chaque jour, il leur fournit tout chaud le nouvel épisode qui accroche laudience. Du croustillant, du compassionnel, de l emphatique. Faut que ça mousse. Chaque jour Zorro, Kennedy, Malraux et Michel Sardou à lui tout seul. LItalie nous envie : même Berlusconi ne faisait pas aussi fort. Cest lunanimité, de lExpress à Charlie hebdo, de Jean-Marie Le Pen à Michel Rocard, la France est derrière lui.
Oh, bien sûr il y a des revers, et même dénormes revers. Il y aussi des choses énormes
à faire avaler au bon peuple. Mais dans ce cas on connaît la recette, vous prenez un fait-divers et vous le gonflez au maximum, quil prenne toute la place. Le fait-divers fait diversion. Les médias vous font ça très bien. En France jamais les médias nont été aussi agenouillés quaujourdhui. Les journalistes, ça les écoeure, bien sûr et ça commence à fermenter dans ce petit monde. Lenquête annuelle Sofres publiée par La Croix en février 2007, ne donnait pas de quoi pavoiser. Croyez-vous que les journalistes sont indépendants, cest-à-dire quils résistent aux pressions des partis politiques et du pouvoir ? Réponse, NON à 63%. Quils résistent aux pressions de largent ? NON à 60% !
Mais que voulez-vous, il y a la trouille de perdre sa place, ou de se retrouver dans un placard. Et il y aussi les contraintes daudience. Un bon pédophile vous fait dix jours alors que la perte de recette fiscale de 13 milliards que coûte le bouclier fiscal ça intéresse qui au juste ? Oui, dix jours , il nous a fait, Francis Evrard le pédophile. La récidive, le Viagra et « la castration chimique » ! « Ce traitement hormonal appelez-le castration chimique, les mots ne me font pas peur » Alors là, bravo lartiste ! Ah, bien sûr les conseillers en COM sont excellents, rien narrête les « spin doctors » de lElysée et les sondeurs narrêtent pas de sonder, mais sans un tel artiste, ça ne marcherait pas aussi bien. Voyez ce brave François Hollande, avec sa nouvelle compagne, à peine 15 000 euros dindemnité et tout juste une petite journée de ragots. Alors quavec notre agité de lElysée plus cest gros et plus ça marche. Il lance quelques notes et lorchestre des médias reprend en chur. Il na quà siffloter le début. Non pas quil domine les médias, attention. Ce nest quun échange de bons procédés. Loligarchie médiatique ne fait que défendre ses intérêts qui sont mêlés à ceux de loligarchie économique qui sont mêlés à ceux de loligarchie politique. Chacune des oligarchies à la fois se sert et sert les deux autres. Appelez ça connivence, les mots ne me font pas peur.
Et lui nest quun leurre dans cette histoire.
Et nous les dindons.
Des dindons béats, les sondages le disent, cest donc vrai, voilà la réalité. Karl Rowe, léminent conseiller de George W Bush, le disait sans complexe, « Nous sommes un empire, désormais nous créons notre propre réalité » (*)
Mais ce nest pas tous les Français, évidemment. Il y a les effaceurs de bourrelet, mais il y a aussi des râleurs qui dénoncent la peopolisation, la personnalisation, « le coup déclat permanent », « le tout à lego ». Pour linstant cest la lèche, mais ça ne durera pas disent ces mauvais perdants en guettant le premier faux pas du petit trapéziste. Ils se répètent la formule qui dit bien les revirements du peuple ingrat, « Je lèche, je lâche, je lynche ». Mais laissons ces Tartuffes, eux aussi profitent de laubaine, la contestation se vend bien, et cest tant mieux. En mal, en bien, cest encore de lui dont on parle et cest ça qui compte. LU.B.M. LUnité de Bruit Médiatique. Voilà lunité de mesure de cette gouvernance. Et sur cette échelle-là, il atteint des sommets. Un tintamarre qui écrase toutes les autres voix. Boute en train ! trompe couillon ! Embobineur ! Vous pouvez vous égosiller, personne ne vous entend. Revenez dans quelques mois, ou quelques semaines
Mais soyez attentifs. Ne comptez pas trop sur les grands médias pour vous prévenir quand le vent tournera.
Car si la plupart des médias roulent pour lui, lui aussi roule pour la plupart des médias. Prenons un exemple au hasard, France Inter. Doit-il remercier France inter ? En tout cas France Inter peut le remercier. Grâce aux élections, laudience a remonté. Et laudience pour nous cest sacré. Littéralement sacré. Or selon les sondages publiés en juillet pour la période, avril juin 2007, France inter a enrayé son déclin, avec 10 points daudience. Sans retrouver son audience davant 2004 (10.6) ni tous les auditeurs envolés lors de la campagne pour le référendum de mai 2005. Les récentes élections ont permis de retrouver de laudience, dans les tranches dinformation, notamment la tranche du matin. Mais aussi grâce à « Là-bas » !
Malgré la marginalisation de lémission à 15 heures, Là-bas a doublé laudience de cette tranche passant de 150 000 à 300 000 auditeurs en un an. Une performance pour cette tranche ingrate ! Pour autant, la relégation de lémission a fait perdre 200 000 auditeurs par rapport à laudience quavait « Là-bas » à 17 heures soit 500 000 auditeurs.
Mais, vous vous en souvenez, bien sûr, la direction navait absolument pas la volonté détouffer « Là-bas », quelle idée, une si formidable émission, un tel monument, pensez-vous, non, il sagissait simplement de programmer une autre émission qui ferait beaucoup plus découte dans lintérêt de notre belle radio. Il sagissait dun « talk show culturel » conçu par le nouveau directeur lui-même, « un mélange de Bouvard et du Masque et la Plume ». Lanimation en fut confiée à Frédéric Bonnaud qui constitua son équipe.
Mais hélas, le résultat ne fut pas à la hauteur des ambitions directoriales. En moins de 6 mois, 250 000 auditeurs quittèrent cette tranche horaire qualifiée de « moment noir de la journée » par la direction de Radio France elle-même ! Une claque. Et qui paya ? Bonnaud pardi ! Viré ! Après six années, viré non seulement de France Inter mais de tout Radio France ! Une mesure ubuesque qui entraîna une journée de grève à la fin juin.
Cest ainsi chaque année avant lété, le Prince fait tomber quelques têtes dans la sciure médiatique, au gré de son humeur ou de ses intérêts à la Cour. De fortes têtes de préférence, des têtes dhérétiques ou de récalcitrants. À lévidence il sagit de faire un exemple pour maintenir la docilité des troupes. « Si celui-là est viré, pourquoi pas moi demain? ». Quand les têtes rentrent dans les épaules, la fabrique de lopinion peut fonctionner sans encombre, plus lisse, plus conforme, plus neutre et donc plus neutralisante.
Chaque année bien sûr, les victimes se débattent. Avocat, pétition, campagne de presse, menace de grève. Beaucoup plus de bruit que nen font les ouvrières dune usine du Pas-de-Calais quand tombe le plan social, cest vrai. Certes, le licenciement de Frédéric Bonnaud nest pas un pire drame humain que celui de Marie-Hélène Bourlard, de LVMH (voir nos émissions de mai 2007). Mais la soumission et la normalisation des médias, cest la réduction des têtes. Et donc des possibles. Cette ligne de front est essentielle.
Mais ça vous lavez bien compris chers AMG, puisque vous faites partie des 200 000 auditeurs qui ont signé la pétition lancée en juin 2006 contre la disparition de Là-bas . Et vous êtes toujours là. De toutes parts après le deuxième tour, des messages nous sont parvenus. Beaucoup nous voyaient déjà correspondants permanents aux îles Kerguelen ou cireurs de souliers à Davos. Mais non, nayez pas peur, vous êtes victimes de la désinformation soixantehuitarde, ayez confiance ! Notre nouveau président est là pour nous soutenir, il la dit et vous le savez, il na quune parole « Il y a une tradition qui est celle de la caricature et de la critique. Je ne suis pas prêt à transiger avec cette tradition (
) Je tiens à apporter clairement mon soutien à qui, à sa façon, exprime une vieille tradition française : celle de la satire, de la dérision et de linsubordination ».(**)
Linsubordination, en voilà une belle feuille de route pour cette nouvelle saison !
En route donc. Toute léquipe est remontée à bloc. Tchimbé raide pas moli ! Votre soutien, vos critiques y sont pour beaucoup. Tout lété, vous vous êtes baladé dans les archives de Là-bas. Plus de mille émissions archivées par Franck, le créateur et le webmaster de ce site, rappelons-le. Les malins se font des CD à écouter sur la route. La situation idéale pour déguster quelques numéros de Là-bas. Pour ceux qui débarquent ou qui veulent sy remettre, rappelons quelques bons numéros dans la dernière saison : Le musée du Quai Branly, le retour en Afghanistan, la série Chine et aussi la série « Les années 80 » qui demande une écoute plus attentive. Sans oublier le Conseil des actionnaires de LVMH, (un délice) et bien sûr « La manif de droite », sans doute la meilleure écoute de la dernière saison.
Et aussi « Chomsky et compagnie » Cest lévénement ! Pour la première fois un reportage de Là-bas devient un film. Il est en plein montage. La souscription marche très bien. Vous êtes formidable, mais continuez. Faire avancer la pendule de lhistoire pour 15 euros, cest donné.
Et comme dit Sally Mara « tiens bon la rampe ! »
Là-bas, le 3 Septembre 2007
* Cité par Robert Fisk. The Independant. 27.08.07.
** Lettre de Nicolas Sarkozy lu par Me Kiejman lors du procès des caricatures (7 Février 2007)
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c'est vraiment réaliste....................
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