c'est abominable et les palourdes font pas le poids (sans je de maux....
) devant la pieuvre gigantesque
Coluche, mort quelques semaines après Tchernobyl n'a pu que se retourner dans sa tombe
Enfin si tous les
marins malins se réunissaient pour dire stop
Et respect à tous les Youri Bandajevski
Il y a 22 ans, Tchernobyl.
Tchernobyl tue toujours, en nombre, au sein d'un territoire contaminé
pour des siècles, et dans le silence quasi total.
Publié hier par Fabrice Nicolino sur son blog :
http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=413
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Je pense avoir été le premier à évoquer dans un journal national -
Politis - le sort du médecin Youri Bandajevski, en 2002. Si je me
trompe, mes excuses anticipées. Je n’ai de toute façon pas grand
mérite, car j’avais été alerté par l’ami Romain Chazel, de
l’association Crii-Rad. Vous trouverez plus bas la copie de l’article
publié alors, qui faisait le point sur l’abominable histoire, celle
de Tchernobyl.
Si je reviens sur le sujet ce lundi matin, c’est que j’ai failli
manquer un petit papier, qui est un entretien avec Youri, mené par le
journaliste Hervé Kempf dans Le Monde (lire ici). Kempf défend depuis
des années ce médecin des enfers, et ce n’est pas si facile lorsque
l’on travaille pour un quotidien à ce point institutionnel. Dont
acte. En tout cas, réalisant cet interview au téléphone - Youri est
exilé en Lituanie -, il permet de faire le point sur la véritable
situation sanitaire autour de Tchernobyl. Elle est « très mauvaise.
Toute la population biélorusse est, du fait de l’alimentation, en
contact avec la radioactivité. Mais dans les régions les plus
contaminées, au sud-est du pays, autour de la ville de Gomel, deux
millions de personnes sont dans une situation très dangereuse.
Les taux de mortalité et de maladies y sont beaucoup plus élevés que
dans le reste du pays. Les docteurs Valentina Smolnikova, Alexeï
Duzhy et Elena Bulova (…) font état d’une forte augmentation des
maladies cardio-vasculaires et des cancers des organes internes. Cela
explique une forte mortalité, trois à quatre fois plus forte que dans
le reste du pays. Mais il est difficile de rassembler l’information.
Le gouvernement cherche à la cacher. Les données ont été trouvées
dans des rapports nationaux non publiés et grâce à divers contacts.
Il faut ouvrir les yeux : au coeur de l’Europe, une population vit
dans une situation mortelle ».
Bandajevski n’est hélas pas un charlatan. Il a circulé pendant des
années dans les zones contaminées, soigné des enfants, enterré des
morts. Il sait ce que le pouvoir biélorusse cherche à masquer. Il
sait ce que le lobby mondial du nucléaire, qui a tout à perdre,
cherche à masquer. Il sait. Et le pire de tout, au-delà des mots, est
que le grand mensonge règne sur le monde. Oui, oui il est possible
qu’un événement majeur de l’histoire humaine soit recouvert sous la
cendre. Un monde soi-disant libre, ouvert, surinformé peut ignorer
qu’en Europe, une catastrophe nucléaire sans précédent rend malade,
tue, transforme des territoires entiers de la planète en géhenne.
Que la leçon serve au moins à quelques-uns d’entre nous.
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L’infernal retour de Tchernobyl
(PUBLIÉ DANS POLITIS 729)
Une fantastique bagarre de l’ombre se mène en Biélorussie pour
masquer les véritables conséquences de la catastrophe de Tchernobyl,
qui sont effarantes. Le professeur Bandajesky, un scientifique de
premier plan, est en train de mourir dans un camp, d’autres ne
peuvent plus travailler. L’enjeu est énorme pour le lobby nucléaire
mondial, qui tente, comme celui du tabac jadis, de gagner du temps.
Dire la vérité serait en fait compromettre l’atome
Soyons solennel : l’histoire qui suit (1) sort vraiment de
l’ordinaire, et l’on recommandera de la lire avec l’attention qu’elle
mérite. D’autant qu’il y a urgence : Youri Bandajevsky est sans doute
en train de mourir dans le camp où la mafia au pouvoir à Minsk
(Biélorussie) l’a jeté pour huit ans, en 2001. Qui est-il ? Un
formidable médecin, né en 1957, spécialiste de premier plan d’anatomo-
pathologie. En 1990, alors qu’il n’a que 33 ans, il prend la
direction du tout nouvel Institut de médecine de Gomel.
C’est un choix courageux, pour ne pas dire héroïque : Gomel est au
coeur de la zone contaminée par Tchernobyl. Bandajevsky y commence un
travail de fond sur les effets sanitaires de la catastrophe, et
découvre très vite des choses stupéfiantes. En faisant passer des
électrocardiogrammes à ses propres étudiants, il constate chez eux de
nombreux problèmes, trop nombreux pour être le fait du hasard. Plus
tard, en autopsiant près de 300 personnes à la morgue de Gomel, il
entrevoit une piste essentielle : leurs reins, leurs coeurs
contiennent des concentrations très singulières de césium 137
(Cs137), l’un des principaux radionucléides dispersés par Tchernobyl.
Tout se passe comme si l’incorporation du césium était différenciée
selon les organes concernés.
La femme de Bandajevsky, Galina, qui est pédiatre, entre en scène.
Elle et son mari, aidés de quelques étudiants, se mettent à sillonner
la Biélorussie pour ausculter le plus grand nombre possible
d’enfants. Si le césium fait de tels ravages chez les adultes,
pensent-ils, il doit en faire davantage encore chez les gosses, dont
le poids est moindre et le métabolisme plus rapide. En quelques
années, ils examinent des milliers d’enfants biélorusses, trouvant
chez la plupart d’entre eux des concentrations de Cs137 supérieures à
50 becquerels par kilo de poids corporel, un seuil au-delà duquel
apparaissent les maladies. D’ailleurs, beaucoup présentent de
sérieuses pathologies cardiaques, dont d’inquiétantes arythmies.
En croisant ces résultats cliniques et le niveau de contamination de
ces mêmes enfants, l’équipe de Bandajevsky réalise qu’il existe un
lien flagrant entre concentration de Cs137 et malformations
cardiaques. Au-delà de 70 becquerels de césium par kilo chez les
gosses, à peine 10% d’entre eux conservent un coeur normal. De
nouvelles études confirment les premières découvertes. Au total, 70%
des enfants vus par les époux Bandajevsky autour de Gomel souffrent
de pathologies cardiaques.
C’est terrifiant sur le plan sanitaire - personne ne soupçonnait des
effets pareils -, et c’est explosif sur le plan politique. La
Biélorussie, qui a consacré pendant des années jusqu’à 20% de son
budget aux conséquences de Tchernobyl, n’a plus qu’une idée en tête :
nier les problèmes, en tout cas relativiser. C’est que deux millions
de personnes, dont 500 000 enfants vivent dans des zones
contaminées : il faudrait, à suivre Bandajevsky, au moins évacuer les
femmes enceintes et les plus jeunes enfants, et donner à tous les
autres le moyen de se protéger contre la contamination, notamment
celle des aliments.
Contrairement à Hiroshima et Nagasaki, où la réaction thermonucléaire
s’était produite dans l’atmosphère, l’explosion de Tchernobyl a
contaminé le sol en y déversant des centaines de tonnes de particules
radioactives. Lesquelles se retrouvent perpétuellement dans les
récoltes avant de passer dans les produits alimentaires. C’est
l’horreur, une horreur sans fin. Ayant bien d’autres chats à
fouetter, la mafia biélorusse veut au contraire, à toute force,
clamer qu’on peut vivre sur des terres contaminées, et qu’on peut
même y renvoyer des personnes déplacées au moment de la catastrophe.
En 1998, le professeur et son épouse sont face à leurs
responsabilités : parler, publier leurs résultats, et donc défier le
redoutable régime postsoviétique d’Alexandre Loukachenko; ou bien se
taire. Galina rapportera plus tard 24 heures d’une discussion
exténuante avec Youri. Elle a peur pour sa famille, pour ses enfants,
tente de le convaincre de biaiser, de composer. « Et lui m’a
répondu : “Alors tu n’es pas un médecin. Et si tu n’es pas un
médecin, tu peux mettre ton diplôme sur la table, et sortir balayer
la cour” » (2).
Les résultats sont publiés, et comme si cela ne suffisait pas, Youri,
qui est membre d’une commission chargée de contrôler les fonds
publics destinés à Tchernobyl, découvre une magouille gigantesque.
Sur les 17 milliards de roubles affectés en 1998 à l’Institut de
recherche sur les radiations, seul 1,1 milliard a été utilisé pour
des études utiles. Le reste ? Gaspillé, ou pire. Il est menacé,
reçoit des lettres anonymes, mais continue à alerter l’opinion. Dans
une de ses dernières interventions publiques, il déclare : « Si on
n’entreprend pas des mesures permettant d’éviter la pénétration des
radionucléides dans l’organisme des adultes et des enfants,
l’extinction menace la population d’ici quelques générations ». Vous
avez bien lu : extinction.
Le 13 juillet 1999, il est arrêté, et jeté en prison pour six mois.
Ce qu’on lui reproche ? D’avoir touché des pots de vin ! Il perd
vingt kilos, vieillit, aux yeux de ses amis, de dix ans en quelques
semaines. Le 27 décembre 1999, il est libéré dans l’attente d’un
procès, et se remet aussitôt au travail. Mais le 18 juin 2001, une
chambre militaire - ce qui interdit tout appel - le condamne à huit
ans de camp à régime sévère et à la confiscation de tous ses biens.
Evidemment, son successeur à l’Institut de Gomel met fin aux travaux
en cours sur le césium. Bandajevsky s’enfonce dans la nuit, qui
risque de lui être fatale (voir encadré sur la campagne pour sa
libération).
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