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CRITIQUE Théâtre. Eric Ruf présente à la Comédie-Française délocalisée au Grand Palais une version féerique et élégante de l’œuvre de Henrik Ibsen.
Par RENÉ SOLIS
Aquoi tient la grâce du Peer Gynt mis en scène par Eric Ruf avec la troupe de la Comédie-Française ? A l’élégance de l’écrin pour commencer. Et d’abord à la splendeur des costumes imaginés par Christian Lacroix. Le couturier arlésien réinterprète librement un folklore qui suit les méandres de la pièce, de la fête villageoise norvégienne au festin oriental en passant par le carnaval grotesque et les clins d’œil à la peinture d’Ensor pour le séjour du héros au pays des trolls.
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"Peer Gynt" au Grand Palais d’honneur de La Comédie Française
En inaugurant le Salon d’Honneur du Grand Palais, réhabilité après des décennies de clôture, la Comédie-Française, elle-même en pleine modernisation de la Salle Richelieu, a saisi cette opportunité symbolique pour effectuer une création exceptionnelle hors normes que le retour spectaculaire de Catherine Samie sur les planches allait sublimer en une gigantesque fresque fantasque, digne du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine.
En effet, plus vigoureuse et déterminée que jamais, l’ex-doyenne de la troupe de Molière caracole d’emblée en compagnie d’Hervé Pierre, en un lien maternel pittoresque paraissant pouvoir soulever les montagnes des fjords environnants.
C’est alors qu’accompagné par des Trolls de tout acabit, le fils maudit partirait dans une fuite en avant autour de la terre à la poursuite, façon Don Quichotte, d’une quête de soi que sa course folle à l’échelle d’une vie humaine finirait par rendre vaine, suite à la prise de conscience du retour inexorable au point de départ.
Que les grands noms (Catherine Salviat, Claude Mathieu, Michel Favori, Eric Génovèse, Florence Viala, Serge Bagdassarian, Bakary Sangaré…) de la prestigieuse Troupe, ainsi en transhumance de circonstances, se démultiplient en une pléiade de rôles fantasmatiques et voilà qu’Eric Ruf imagine ceux-ci déambulant, de cour à jardin, sur une voie campagnarde de chemin de fer traversant, de part en part, le Salon d’Honneur, tout en partageant de moitié le public installé sur des gradins se faisant face.
Merveilleusement oniriques, les costumes signés Christian Lacroix incarneraient aisément, à eux seuls, la volonté scénographique de construire une parabole métaphorique autour de la destinée aventurière de Peer Gynt, écartelé entre la dialectique du « Suffis-toi, toi-même » et la philosophie problématique du « Qu’est-ce qu’être soi-même ? ».
En un mois de représentations extraordinaires au Grand Palais, ce spectacle s’affiche comme le signe d’une Comédie-Française en pleine mue expérimentale, osant délibérément s’affranchir des codes traditionnels du spectacle vivant, entre les murs.
photos
Theothea.com
PEER GYNT - ***. Theothea.com - de Henrik Ibsen - mise en scène : Eric Ruf - avec Catherine Samie, Catherine Salviat, Claude Mathieu, Michel Favory, Éric Génovèse, Florence Viala, Serge Bagdassarian, Hervé Pierre, Bakary Sangaré, Stéphane Varupenne, Gilles David, Suliane rahim, Nâzim Boudjenah, Jérémy Lopez, Adeline d'Hermy, Romain Dutheil, Cécile Morelle, Emilie Prevosteau, Samuel Roger, Julien Romelard, Floriane Bonnani, Hervé Legeay, Vincent Leterme & Françoise Rivalland - Salon d'honneur du Grand Palais
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et photo là : http://blog.lefigaro.fr/theatre/2012/05/le-voyage-enchante-de-peer-gyn.html